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YANANEWS

Billets d'humeur sur les news, l'actu et l'info en Guyane

Nous, les cocus du 28 mars 2017

Nous, les cocus du 28 mars 2017

Depuis plus de 4 ans maintenant, un petit nombre d'acteurs locaux se permet de s'exprimer en notre nom sur tout un tas de sujets, en tentant de donner de la légitimité à leur action grâce à la grande marche du 28 mars 2017. Une marche organisée à la base, je crois qu'il est nécessaire de le rappeler, suite à un ras-le-bol massif de la population face à l'insécurité omniprésente à l'époque sur notre territoire (bien plus qu'aujourd'hui, même si elle subsiste encore beaucoup trop à l'heure actuelle). Ils n'ont jamais mené de listes jusqu'à une victoire électorale et pourtant, ils parlent à notre place depuis des années sur de multiples sujets : santé, insécurité, évolution statutaire, assistantes familiales,... souvent en grande complicité avec les médias locaux. Alors que pourtant nous n'avons pas défilé dans le but de leur donner un blanc-seing pendant 50 ans, chacune de leur apparition où ils s'arrogent le droit d'être nos porte-paroles sans nous avoir demandé notre avis, nous montre à quel point nous avons été cocufiés. Ils ont récupéré notre souffrance à leur compte et s'en servent pour défendre des sujets qui ne sont pas les nôtres. Jusqu'à quand cela va-t-il durer ?

Le "Front", "les 500 frères", "Trop Violans", "les Grands Frères" ou encore le "KPLD"...  on ne sait plus comment l'on doit les appeler ces collectifs, tant aujourd'hui il y a plus de collectifs que de membres eux-mêmes ! Discours embrouillé et peu fédérateur qui s'étiole depuis 2017, thème de l'évolution statutaire qui n'intéresse que bien moins de personnes que l'on voudrait nous le faire croire, démonstrations, que l'on peut aisément trouver absurdes, diffusées en live sur facebook, combats menés à tout va sur tout et n'importe quoi sans connaître les réalités des dossiers, plusieurs événements organisés sur la place des palmistes sans public... Il ne faut pas être un grand analyste pour voir que la sauce ne prend plus, et qu'ils ne parlent dorénavant qu'à leur faible nombre de militants, au lieu de parler à la population. 

Des invitations à des rassemblements massifs jamais honorées par la population 

Aujourd'hui, samedi 10 avril 2021, une réunion de la commission chargée d'étudier le "Projet Guyane", et donc l'évolution statutaire qu'il faudrait envisager dans les 10, 15 ou 20 prochaines années, se tenait au siège de la CTG à Cayenne. La veille, dans une vidéo partagée lourdement sur les réseaux sociaux, Olivier Goudet, entouré d'une dizaine de personnes issues notamment de Trop Violans et du syndicat UTG, avait invité avec vigueur "la population", "les familles, amis, voisins, voisines, cousins...", à les rejoindre ce samedi matin pour une démonstration de force sur le parking de la CTG. Échec total ! En témoigne une vidéo extrêmement partagée cette après-midi, où l'on voit clairement que personne n'a répondu présent en dehors de ceux qui ont lancé l'invitation.

Autre débâcle : le 28 mars 2021. Afin de célébrer les 4 ans de cette marche historique, ils avaient organisé (avec la complicité financière de qui ?) une grande journée de divertissement sur la place des palmistes. Artistes populaires, à boire et à manger, météo clémente, calendrier événementiel en berne... de quoi rassembler en principe des milliers et des milliers de personnes dans un contexte où aucune fête n'a lieu en cette période de pandémie et que la population en a marre d'être enfermée et privée d'amusement. Mais là encore, le public n'était clairement pas au rendez-vous, avec à peine 80 personnes au plus fort de la journée.

L'effrayante évolution statutaire voulue par le Front et compagnie

Au journal télévisé du soir de ce samedi 10 avril 2021, Yvane Goua (ne nous demandez pas le nom du collectif auquel elle appartient, parce qu'elle doit en avoir créé 150 à elle toute seule) nous apprend qu'elle milite avec ses camarades pour une gouvernance bicéphale à la tête de la Guyane. Sinon, "c'est une dictature", selon elle. Pour rappel, un dictateur est une personne qui s'empare du pouvoir sans y avoir été autorisé. À croire que, sur notre territoire, il n'y a jamais d'élections ! Par contre, nos protagonistes du jour, ils les perdent toutes ces élections, ça c'est certain. Que ce soit en s'y présentant ou en y soutenant une liste ou un candidat. Faut-il par ailleurs rappeler que la gouvernance bicéphale est en place en Martinique, et qu'elle est plutôt bloquante qu'autre chose dans la vie institutionnelle du territoire antillais ?

La mise en place de conditions pour pouvoir voter que nous n'accepterions pas pour nous-mêmes si nous habitions dans l'hexagone !

On apprend également qu'il faudrait, dans le cadre d'un nouveau statut pour la Guyane, justifier de plusieurs années consécutives de résidence sur le territoire pour pouvoir voter...! N'est-ce pas là dictatorial ? Imaginons que nous nous installions en 2021 à Montpellier et que la mairie de Montpellier nous interdise de voter aux présidentielles de 2022, ou aux législatives de 2022 pour parler d’élections plus locales, car cela fera seulement un an que nous habitons la ville... N'est-ce pas totalement xénophobe ? Est-ce que les guyanais que nous sommes ne crieraient pas au scandale et au racisme face à une situation aussi grotesque ?

Ou pire encore, qu'après 10 ans à Montpellier nous décidions de revenir sur notre territoire guyanais. Que nous répondrait-on alors aux élections suivantes ? "non Madame, cela ne fait pas assez longtemps que vous êtes revenue pour pouvoir voter ici..." ??

Tout ceci est grandement ridicule. On nous sert un vomi intellectuel qui, heureusement, ne résonne pas dans le cœur de la majorité des guyanaises et des guyanais.

Leur manœuvre, en réalité, est très simple : obtenir le pouvoir coûte que coûte, étant donné que par la voie traditionnelle des urnes, cela ne fonctionne pas : les électeurs ne sont pas convaincus par leur discours. Un comportement anti-démocratique, qui est auto-alimenté dans leurs esprits par un coup de force réalisé le 21 avril 2017, face à un gouvernement en fin de règne, qui pendant les 5 années précédentes avait déjà montré son faible intérêt pour la Guyane. Le mérite n’est donc pas si grand, tant en face les représentants de l’Etat de l’époque n’en avait pas grand chose à faire et tant ils étaient peu regardants.

Alors, le 28 mars 2017 justement, avons-nous défilé pour tout cela ? La réponse est clairement non. Oui il faut une évolution vers un nouveau statut tant nos réalités sont difficilement comprises à l'échelle nationale, gouvernement après gouvernement, écologiste après écologiste (nous y reviendrons),... Mais de là à se diriger droit dans le mur, avec des règles totalitaires, anti-démocratiques, xénophobes et dictatoriales ? Il y a un fossé énorme, que nous ne voulons pas franchir.

Quand on voit les multiples échecs aux tentatives de rassemblement qui ont eu lieu ces dernières années, on voit bien que l'aura de ces fanfarons n'est plus là. Jusqu'à quand allons-nous les laisser s'exprimer en notre nom ?

Après les municipales de 2020, je crois que les prochaines élections territoriales seront là encore une bonne occasion de montrer qu'il y a un temps pour tout, et que l'on ne fait pas n'importe quoi avec notre Guyane.

 

Le président de la CTG lors de la marche du 28 mars 2017

Le président de la CTG lors de la marche du 28 mars 2017

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